La rentrée scolaire prochaine pourrait se dérouler dans des conditions proches de la normale. C’est, du moins, ce qu’a déclaré le ministre de l’Education, il y a quelques jours. Autrement dit, un retour à un rythme d’avant-Covid-19 avec des classes complètes et des emplois du temps ordinaires. Mais c’était sans compter la réaction des syndicats…
Le ministre de l’Education fait son travail et essaye de préparer les conditions nécessaires à une reprise des cours dans une plus grande normalité. Le fait d’envisager un retour à un enseignement sans groupes et à une cadence sans alternance est tout à fait légitime de la part du responsable d’un département qui emploie près d’un demi-million d’employés et gère environ 2 millions d’élèves.
Marquer des points
De leur côté, les syndicats de l’enseignement et, particulièrement, la Fédération générale de l’enseignement secondaire (Fges), sont à l’affût du moindre détail pour s’embarquer dans une nouvelle galère pour le secteur de l’enseignement. On le sait déjà, cette fédération a annoncé à plusieurs reprises qu’elle se tenait prête à un boycott de la rentrée. Et la dernière position va dans ce sens.
La politique de cette organisation est claire. On l’a souligné à maintes reprises dans nos propos.
Le principal objectif est de rester, constamment, sur la scène et d’occuper l’espace médiatique en prenant des décisions fracassantes et en se démarquant, à l’infini, de tout ce qui est officiel. Ce n’est donc pas une nouveauté de constater, aujourd’hui, cette dernière prise de position. Mais ce qui ne laisse pas de choquer c’est que la Fges et son pendant (la Fédération générale de l’enseignement primaire) ne se gênent pas d’ignorer, royalement, les élèves et leurs parents.
Pour elles, ce qui compte c’est marquer des points contre le ministère quel qu’en soit le prix. Et, sur ce chapitre, tout le monde se rappelle les tristes moments passés par les élèves et les parents lors des différentes grèves et les nombreux boycotts administratifs des dernières années.
Dire que le fait d’annuler les classes par groupes avec un rythme alterné présenterait des risques pour les acquisitions pédagogiques des apprenants et un danger sanitaire c’est aller très vite en besogne.
Ambitions politiques
D’ailleurs, comment veut-on obtenir des résultats si on ne laisse pas les responsables travailler ? Est-il nécessaire de demander, à chaque fois, l’avis de ce qu’on appelle le «partenaire social» ? Ce dernier a-t-il le droit de revendiquer un rôle qui n’est pas le sien ? Dans tous les pays du monde, les syndicats savent se comporter et leur travail se limite à ce que les lois et le bon sens prescrivent. Un syndicat, aussi puissant soit-il, ne peut nullement remplacer une structure ministérielle. Car, il ne faut pas l’oublier, un ministre est responsable et il doit rendre compte de son travail. Comment cela serait-il possible si on ne le laisse pas appliquer sa politique suivant la stratégie tracée par une équipe? Or, l’action de déstabilisation permanente menée par les syndicats a conduit notre pays à l’impasse dans laquelle il se débat. D’où la nécessité de revoir, sérieusement, avec des organisations citoyennes le rôle joué par certains syndicats de l’enseignement.
Ces derniers se préoccuperaient beaucoup plus de l’image de leurs membres qui passent dans les différents plateaux médiatiques ou se livrent à la politique. Le SG de la Fges n’est-il pas en conflit ouvert avec le SG de l’Ugtt ? Ne cherche-t-il pas à briguer un poste à la tête de la centrale syndicale ?
Faire de la politique est un droit. Mais il ne faut pas que ce soit aux dépens de notre système éducatif et de nos enfants.
Lorsque les membres de la Fges se relayent sur les ondes des radios ou sur les chaînes TV pour exposer leur «philosophie» concernant la rentrée scolaire, d’aucuns se demandent si leur véritable objectif est de préserver la santé des élèves ou s’ils cachent d’autres desseins. A notre sens, ce débat est inutile et il ne constitue, en fait, qu’une opération de diversion visant à détourner le ministère de réaliser, sereinement, ses programmes.
Déstabilisation
C’est un travail méthodique dont le but est de maintenir un état de déstabilisation constante pour empêcher tout responsable d’aller de l’avant. But inavoué : montrer que leurs prédictions sont vraies concernant les orientations officielles. De ce fait, l’enseignement public tunisien montre son inefficacité et pousse tout le monde vers le privé. Ne nous étonnons pas de la réaction de ces syndicalistes qui vont rejeter de telles accusations. Mais la colère des parents et de certaines associations civiles va dans ce sens.
De plus, certains syndicats de l’enseignement prétendent qu’il ne faut pas trop s’aventurer avant de voir l’évolution de la situation sanitaire. Ils proposent, entre autres, l’application de dispositions particulières et la vaccination de toute la famille éducative, etc.
Pour eux, il ne faut rien changer et continuer sur la même voie tout en suivant l’évolution de l’épidémie. Or, ces gens oublient que personne, dans le monde, ne peut prévoir comment évoluera le phénomène. La pandémie risque de s’éterniser. Aussi, faudrait-il composer avec la réalité. Il est vrai que le danger reste entier. Mais il y a lieu de savoir prendre les décisions en temps et lieu voulu en suivant les avis des autorités sanitaires.
En France, par exemple, le ministère de l’Education a prévu quatre scénarii pour la rentrée selon le niveau de gravité de la situation. Dans les deux premiers niveaux, les cours se dérouleront en présentiel dans tous les établissements. Des changements interviendront, seulement, dans le niveau trois ou quatre. En outre, la vaccination n’aurait touché que près de 11% des élèves de moins de 19 ans en Ile de France.
Ne serait-ce pas trop demander chez nous que de vacciner tous les élèves. On aimerait bien.
Des efforts sont, justement, menés dans ce sens. En tout cas, la situation n’est pas aux calculs et enjeux politiques ni aux arrière-pensées. C’est l’avenir des générations futures qui se joue maintenant. Les responsables syndicaux sont appelés à assumer leurs rôles sans trop s’ingérer dans les affaires d’un ministère qui doit rendre des comptes au peuple. Chacun doit, donc, connaître ses limites. Un syndicat n’est pas au-dessus des lois et des institutions. Il ne peut imposer ses vues par la force ou la menace. Le débat sur ce sujet doit être ouvert le plus tôt possible comme il l’est sur le rôle des magistrats (on pense aux recommandations faites par I Watch) ou d’autres corporations. L’Etat doit primer.